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Stadoceste Tarbais

Champion de France 1973

C’est le deuxième titre de Champion de France du club tarbais (1920 et 1973). Les photos et textes ont été collectés par notre ami Daniel Mur.

Photos du match (20 mai 1973 à Toulouse) : Tarbes bat Dax 18-12

Le bouclier de Brennus

Scènes de liesse à Tarbes

Souvenirs

Dans la presse de l’époque

Finale gagnée de 1973

Après le retrait de P. Cassagne, à l'issue de la saison 70-71, Gérard Fournier fut appelé au poste d'entraîneur par le président Raymond Castells. Cette promotion surprit quelque peu à l'époque l'intéressé, professeur d'éducation physique, ayant fait ses preuves essentiellement comme joueur dans un passé récent.

Exigeant et autoritaire, Fournier mit sur pied un système de jeu basé sur le pressing défensif et sur des actions offensives exécutées avec précision et engagement total par un nombre réduit de participants. La méthode porta ses premiers fruits lors de la saison 71-72. Trois défaites sur quatorze rencontres de poule et deuxième place derrière le grand Béziers. Nette victoire, 14-0, sur le Racing en 16e et progression stoppée par Narbonne, vainqueur en 8e d'un tout petit point (13-12). Résultat négatif mais prometteur.

La saison 72-73 fut, en revanche, émaillée de couacs retentissants gommés par des exploits non moins retentissants. Tour à tour, Montchanin et le Racing vinrent s'imposer à Maurice-Trélut mettant le Stadoceste dans l'obligation d'aller arracher sa qualification au Racing avec, comme autre perspective, la descente en groupe B en cas de défaite. Ceci en vertu d'une décision de la F.F.R. prise en cours de saison de façon autoritaire. Le dos au mur, le Stadoceste livrait un combat des plus dramatiques quant à son avenir. Face au vent, les Tarbais maintinrent l'angoisse parmi les dirigeants accompagnateurs en étant menés 9-3 à la mi-temps avec, de surcroît, l'incapacité avérée de se faire deux passes correctes. A la reprise : miracle ! Le ballon volait impeccablement jusqu'à l'aile avec renversement et conclusion sur l'autre aile de Sillières. Une action personnelle de Domengès mettait le Stadoceste en tête. Le feu d'artifice se poursuivait pour un triomphe final (28-12) qui assurait maintien en groupe A et 2e place de la poule.

La phase éliminatoire

La victoire de Colombes eut pour effet de replacer le Racing en adversaire du Stado pour les 16e de finale avec en perspective une grille hérissée de difficultés. Disputée à Bègles, la rencontre fut féroce dans l'engagement physique. La fraîcheur physique et le juvénile enthousiasme des Tarbais firent merveille. J.-P. Domengès, F. Marin, J. Pécune, D. Marty, J.-L. Montagne, soit un tiers de l'équipe fêtaient leurs 21 ans dans l'année. F. Sénac (20 ans) fut rejoint au sein de l'équipe par un conscrit tostatais, A. Save. Victime de la rigueur de la discipline militaire, Domengès disparut de la composition de l'équipe. Remarquablement préparée physiquement par René Valmy, la formation, commandée par Georges Michel, n'eut à déplorer aucune absence pour blessure jusqu'au terme de la compétition. Homogénéité et solidarité : le Stadoceste en eut bien besoin pour vaincre Narbonne en 8e. Le trio des Spanghero lancé en percussions fut réduit à l'inefficacité par des placages désintégrants. Battu la saison précédente par ces mêmes Narbonnais (13-12), le Stadoceste prenait sa revanche (12-11), un somptueux essai de 100 mètres de Michel Sillières restant gravé dans les mémoires des supporters.

Plus aisé fut le succès (15-3) acquis sur La Voulte pour le compte des quarts de finale. Ceci malgré l'excellente prestation fournie par le capitaine voultain, Jacques Fouroux.

Le lointain déplacement de Lyon fut effectué par plus de 600 supporters. Ils furent récompensés par un succès du Stadoceste 6-0 sur d'ardents Perpignanais. L'accession à la finale fut saluée par une gigantesque explosion d'enthousiasme.

La cité en ébullition

La municipalité tarbaise mit sur pied un concours de vitrines et les commerçants locaux rivalisèrent d'imagination pour parer en rouge et blanc leurs étalages et leurs vitrines. Un concours de voitures décorées réunit une trentaine de participants qui défilèrent le samedi dans les rues de la ville et devant un jury embarrassé par la qualité des réalisations des supporters. Certains commerçants firent de substantielles affaires. Ombrelles, jupes, tee-shirts, bérets, rubans aux couleurs rouge et blanc furent rapidement enlevés. Le Lys de Pâques vendit plus d'un millier de pétards, Les Nouvelles-Galeries 5 000 ours de toutes tailles et de toutes couleurs. Les spécialistes de la gourde au rythme de 50 gourdes par jour virent leur stock tarir sans coup férir. La chasse aux places pour la finale revêtit un caractère épique tant le nombre de candidats était élevé ! Ceux volant au secours de la victoire n'étant pas les moins exigeants.

20 mai 1973

Plus de 10000 Bigourdans rallièrent le Stadium décoré en rouge et blanc, ces couleurs étant également celles de Dax, l'autre finaliste. L'équipe avait passé la nuit dans la périphérie toulousaine. Le car était drivé par « le revenant » Mourthé qui n'aurait laissé à personne l'autorisation de prendre le volant.

La rencontre fut arbitrée par le docteur Cuny, quinquagénaire à la chevelure argentée. Les Dacquois s'étaient illustrés dans la phase éliminatoire en sortant « deux gros os du bouillon », à savoir Brive et Béziers.

Journalistes et photographes de presse n'avaient de stylo et d'objectifs que pour les Landais lors de l’échauffement précédent le match.

Début de partie légèrement à l'avantage de Dax et une pénalité réussie par Bastiat, des 55 mètres, mais déjà les avants tarbais groupés et dynamiques prenaient le meilleur dans les mêlées et les regroupements. Autre surprise en touche où le jeune Sénac faisait jeu égal avec le géant Bastiat. Sur une mêlée poussée par les Tarbais dans les 30 mètres dacquois, Montagne, ailier côté fermé, surgissait grand côté sur service de Save, festival de crochets et service impeccable à Pécune pour un essai entre les poteaux. Transformation de Michel : 6-3 et 9-3 lorsque le même Michel inscrivait une pénalité. A la mi-temps : 9-3.

A la reprise, la mêlée tarbaise poursuivait son intraitable travail de sape. A la 60e minute, Marin ravissait un quatrième ballon à la mêlée dacquoise, Save s'échappait et, d'une passe croisée de toute beauté, servait Biescas pour un essai limpide. Transformation réussie puis un drop de Michel et le Stado prenait une option sérieuse (18-3) sur le Bouclier de Brennus. Un drop de Freicha (73e) et un essai sur la fin d'Arrieumerlou (78e) n'étaient pas de nature à inverser le résultat ; l'emprise des Tarbais sur le match étant constante.

Le capitaine Georges Michel recevait le prestigieux Bouclier de Brennus des mains du président Batigne. La banda des Calientes de Dax accompagnait musicalement cette remise. Cette finale fut la dernière disputée à Toulouse. Le Parc des Princes, succéda au Stadium.

Liesse dans la ville

Réception réglementaire à la mairie de Toulouse; promptement expédiée, les champions de France regagnèrent Tarbes où les attendait la municipalité de M. Paul Boyrie. La place Jean-Jaurès, noire de monde, donnait une image de joie populaire sans précédent à Tarbes. Un buffet campagnard permit aux héros du jour de se restaurer au milieu de farandoles et de chants. L'apparition des joueurs au balcon de l'Hôtel de Ville déclencha une phénoménale ovation portant l'allégresse des supporters à son paroxysme.

Il fallut plus d'une heure au car des joueurs pour rallier le Moderne par la rue Brauhauban. Une soixantaine de supporters s'étaient hissés sur le toit du véhicule qui progressait mètre après mètre. Le Bouclier de Brennus installé au Moderne vit défiler durant toute la nuit des milliers d'admirateurs enthousiastes. Avant que ne chante le coq, tous les cafés de la place et des rues adjacentes se trouvèrent en rupture de boissons alcoolisées et de bière. La fête fut chaude mais on n'eut pas à déplorer la moindre bagarre.

Le lendemain, fort judicieusement, M. Boyrie octroyait la journée du maire aux écoliers dont beaucoup avaient passé une nuit blanche.

L'équipe : Michel (cap.) ; Sillières, Fernand Marin, Pécune, Montagne ; (o) Marty (m) Save ; Cabar, Paul, Leblanc ; Sénac, Biescas ; Verdier, Antoine Marin, Abadie. Entraîneur : Fournier. Préparation physique : Valmy. Manager : Estradera.

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